Heures Feu


Heure feu février

        Saint Jean 16, 29-33
A l’heure où jésus passait de ce monde à son Père, il parlait à ses disciples. Ceux-ci lui disent alors : « Voici que tu parles ouvertement, sans employer de paraboles. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et qu’il n’y a pas besoin de t’interroger : voilà pourquoi nous croyons que tu es venu de Dieu. » Jésus leur répondit : « C’est maintenant que vous croyez ! L’heure vient - et même elle est venue - où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul ; pourtant je ne suis pas seul, puisque le Père est avec moi. Je vous ai dit tout cela pour que vous trouviez en moi la paix. Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde. »

« La charité au sens de l'aumône, je n'en veux pas ! Je veux la Justice ! Il arrive qu'on me remette un chèque en me disant : "Voici pour vos pauvres, Ma Sœur." Mais que Dieu me préserve d'avoir des pauvres ! Dans mon bidonville, je n'ai que des frères. Inutile d'aller dans le tiers monde ! Commencez par regarder autour de vous, sur votre palier, brisez le cercle de l'indifférence ! Au bidonville, mes amis, voyez-vous, on vit "ensemble" et l'existence devient passionnante quand on vit pour les autres, quand on pense à aimer, à aider l'autre. » Soeur Emmanuelle

Article de La Vie.
Haïti

Michel Briand, curé des bidonvilles

Laurent Grzybowski - publié le 04/02/2010
"Pour moi, la meilleure façon de vivre notre impuissance face à l’adversité, c’est d’être au milieu des Haïtiens et de partager leur quotidien."


Sur les hauteurs de Port-au-Prince, dans une ruelle défoncée du quartier populaire de Saint-Antoine, un groupe d’hommes s’active autour d’un vieux 4 x 4. Derrière eux, des dizaines de familles sans-abri attendent dans l’espoir d’obtenir une des bâches en plastique dont le coffre est rempli. Craignant qu’il n’y en ait pas pour tout le monde, les esprits commencent à s’échauffer. Au milieu des éclats de voix, un homme observe la scène avec sérénité. Soudain, la sonnerie du téléphone portable qu’il garde dans sa poche retentit. "Chut, chut, taisez-vous, le père reçoit un appel", lance aussitôt une jeune femme jusque-là très agitée. L’effet est immédiat. Silence dans les rangs.

Avec sa silhouette longiligne, ses cheveux longs, sa barbe poivre et sel et son regard bienveillant, Michel Briand, 55 ans, ne passe pas inaperçu. Ici, tout le monde le connaît et l’apprécie. Pourtant, ce prêtre breton, arrivé en Haïti il y a 25 ans, ne vit dans le quartier de Saint-Antoine que depuis huit mois. Mais, d’emblée, il a su tisser des liens étroits avec la population de ce bidonville, réputé comme l’un des plus chauds de la capitale. "Les premiers gamins que j’ai reçus en confession venaient s’accuser de meurtre, raconte ce missionnaire de Saint-­Jacques. Cela met tout de suite dans l’ambiance." Toujours une blague dans la poche, le visage éclairé par un large sourire, l’homme sait aussi se montrer très ferme. "Un jour, je me suis heurté à quelques jeunes trafiquants de drogue. Furieux, ces derniers ont voulu me faire la peau. Mais, face à la réaction de la popu­lation, ils y ont renoncé. L’amitié que me portent les gens est ma meilleure protection."


                  Le séisme du 12 janvier aurait pu lui être fatal. Il était dans la rue lorsque le presbytère s’est effondré sur l’église, transformant le centre paroissial, dont il est le curé, en champ de ruines. Lui aussi fait partie des rescapés. "Nous avons mis en place des comités locaux qui établissent des listes et ­distribuent les aides", explique le ­prêtre, qui n’entend pas se substituer aux habitants. "Je crois vraiment en la force de la communauté."

Depuis le séisme, il célèbre chaque semaine la messe au milieu du camp de réfugiés, sur une petite table en bois. "La richesse des Haïtiens, c’est leur capacité de résistance. Malgré la misère, les cyclones, la violence, les tremblements de terre, ils ont toujours la vie en eux. »

Haïtien parmi les Haïtiens, Michel Briand connaît mieux que quiconque l’âme de ce peuple avec lequel il a choisi de lier son destin. Il connaît les blessures de l’histoire, l’esclavage, dont le souvenir habite encore les esprits. Fils d’agriculteur, cet ancien étudiant des Beaux-Arts de Rennes a contracté le virus de la mission en venant ici, il y a 30 ans, comme coopérant.

"Il y avait l’espoir d’un pays nouveau. Les jeunes de ma géné­ration étaient imprégnés de l’Évangile de la libération." Il décide de rejoindre les missionnaires de Saint-Jacques. Pendant des années, il travaille auprès des organisations paysannes. À cause de son engagement auprès des plus pauvres, le prêtre soutient Jean-­Bertrand Aristide, lors de l’élection présidentielle de 1990. Il prendra ensuite ses distances. Mais, après le coup d’État militaire, il refuse de célébrer une messe à la gloire de l’armée. Son presbytère est mitraillé.

"Comment permettre au peuple haïtien de se développer à partir de son histoire et de sa culture ?", s’interroge cet adepte de la théologie de la libération. Les mois à venir vont être très durs. Mais il en est convaincu : "La gloire de Dieu, c’est l’homme debout !"

Les Haïtiens vont, une nouvelle fois, se redresser et crier à la face du monde que, s’il peut y avoir de grands malheurs, il n’y a jamais de fatalité.
Passé
1954 Naissance à Messac (35).
1976-1979 Coopérant en Haïti.
1985 Ordonné prêtre à Rennes.
1986 Devient missionnaire en Haïti.
2009 Curé de Saint-Antoine, à Port-au-Prince.
Présent
2010 Vit au milieu d’un bidonville.
Futur
Voudrait créer une mutuelle de solidarité, pour le commerce local.



Heure feu Janvier

LA DIGNITÉ DE LA FEMME

(Billet spirituel, du père Charles-Henri de BLAVETTE)

1. La femme créée dans sa dignité : le don de l'image
Au commencement de tout est la générosité créatrice de Dieu qui fait rejaillir l'homme et la femme "à son image". Le don créateur fait exister la femme tout à la fois :
-comme "FILLE DE DIEU", se recevant de Dieu "en vis-à-vis" de l'homme, conjuguant avec celui-ci la plus grande similitude et l'irréductible différence, véritable sœur en humanité.
-comme "ÉPOUSE", invitée à entrer en relation avec l'homme jusqu'à se donner à lui comme épouse.
-comme "MÈRE", appelée à donner la vie, à engendrer avec l'homme des "vivants".
Nous sommes dans univers de DON. Se recevant de Dieu créateur comme un don précieux fait à l'homme, la femme est appelée à se donner comme épouse et comme mère. Partageant avec l'homme une égale dignité, la femme a sa manière propre de se recevoir et de se donner. Il y a une "respiration" de l'amour -accueil et don- propre à la femme, comme il y en a une propre à l'homme…à l'image de la vie trinitaire, communion d'amour dans la différence des personnes.

2. La femme restaurée dans sa dignité : le don du baptême
Au recommencement de tout est la générosité rédemptrice de Dieu en Jésus-Christ : l'acte sauveur rend l'être humain à sa pleine humanité, l'atteint tout particulièrement par le Baptême, lui donne la plénitude de la dignité filiale. L'attitude du Christ dans l'évangile manifeste cela avec force à l'égard de la femme. Retenons seulement la très belle image de la femme courbée, redressée et glorifiant Dieu (Luc 13, 10-17)… Le Christ remet la femme dans sa pleine dignité de personne humaine ayant valeur en elle-même -identifiable à aucune de ses fonctions, si nobles soient-elles (épouse et mère)-, d'enfant de Dieu, de partenaire de l'homme, libre et égale dans sa différence.
Une différence qui ne doit plus s'exprimer sous forme de discrimination ou de domination, mais est appelée à être chemin de communion dans le respect mutuel. 
Par le Baptême, la femme participe pleinement, selon son être propre, à la triple fonction du Christ :
-SACERDOTALE : dans l'offrande d'elle-même et de toute son existence.
-PROPHÉTIQUE : dans l'accueil et le témoignage de la Parole de Dieu et dans sa manière propre d'ouvrir l'humanité aux réalités spirituelles (l'amour, la vie, la paix… et jusqu'au mystère de Dieu).
-ROYALE : dans le service multiforme des frères et sœurs humains qui lui sont confiés.
C'est avec son être féminin que la femme est appelée à accomplir ses fonctions -y compris en assumant des responsabilités dans la Cité-, donc avec sa propre "respiration" de l'amour.

3. La femme accomplie dans sa dignité : le don de Marie
Le grand don de Dieu à l'humanité est le Christ, Fils de Dieu fait homme ; et tout autre don est intérieur à celui-ci, à commencer par Marie, sa mère et notre mère. Ce qui nous est donné en Marie, c'est, entre autres, le vrai visage de la féminité, le VISAGE ACCOMPLI DE LA FEMME. Comprendre la dignité de la femme passe donc par la contemplation de Marie en ses différents traits. Évoquons ici un seul de ces traits, mais qui touche au plus profond de l'être féminin : la MATERNITÉ. Certes, toutes les femmes ne sont pas mères, mais toutes ont inscrites dans leur féminité cette dimension maternelle, la vocation à une maternité spirituelle. Ici, regarder Marie, c'est mieux comprendre que la femme a une manière propre de donner la vie,  que la vraie maternité, à l'image de celle de Marie, est tout ensemble :
-Une maternité REÇUE : la femme ne se fait pas mère, elle reçoit ce don et cette force de l'être.
-Une maternité INTÉRIEURE : la femme enfante d'abord par le "cœur", par l'amour.
-Une maternité HUMBLE : la femme est appelée à une maternité non possessive, non captatrice, mais qui s'efface devant ce qu'elle enfante.
Visage accompli de la femme, Marie peut aider les femmes à mieux comprendre et à mieux vivre la dimension maternelle de leur existence.

Conclusion : un don qui indique une vocation
Étonnante dignité de la femme : elle prend sa source dans le don créateur qui inscrit en elle l'image divine, elle est restaurée dans le Christ et signifiée par la Baptême, elle est accomplie en Marie, icône de la véritable féminité. Cette dignité est un DON reçu, mais un don inachevé : il indique une VOCATION, ouvre un chemin, appelle un déploiement en de multiples directions… La femme est appelée à prendre toute sa place au cœur de la famille, de la société et de l'Église. La vraie question est qu'elle y soit comme femme, avec son "ÊTRE FÉMININ" qui lui donne d'exercer, entre autres, une maternité affective, culturelle et spirituelle, et aussi de témoigner du sens de l'amour authentique qui est don de soi et accueil de l'autre.
Ainsi, à la femme Dieu confie l'homme, l'être humain, de manière spécifique. La femme est gardienne de l'humain en notre monde.




Heure feu Octobre


LE DEVOIR D’ETAT

        I.            TEXTES

·  «Par devoir d’état on entend les obligations particulières que chacun a par suite de son état, de sa condition et de la situation qu’il occupe. C’est Dieu qui a imposé aux divers états leurs devoirs particuliers, parce que ces devoirs dérivent de ses divins commandements. Par exemple, dans le quatrième commandement, sous le nom de père et de mère, sont compris encore tous nos supérieurs, et ainsi de ce commandement dérivent tous les devoirs d’obéissance, d’amour et de respect des inférieurs envers leurs supérieurs, et tous les devoirs de vigilance qu’ont les supérieurs envers leurs inférieurs. » (Le Catéchisme de Saint Pie X, de 1905 au chapitre 5, § 1)

· « (…) Tous les fidèles donc se sanctifieront davantage chaque jour dans leur condition, dans les devoirs de leur état ou les circonstances de leur vie (…) en manifestant à tous, dans l’accomplissement de leur tâche temporelle, la charité dont Dieu a aimé le monde. » (Lumen Gentium

· « Le Concile exhorte les chrétiens, citoyens de l'une et de l'autre cité, à remplir avec zèle et fidélité leurs tâches terrestres, en se laissant conduire par l'esprit de l'Evangile. Ils s'éloignent de la vérité ceux qui, sachant que nous n'avons point ici-bas de cité permanente, mais que nous marchons vers la cité future, croient pouvoir, pour cela, négliger leurs tâches humaines, sans s'apercevoir que la foi même, compte tenu de la vocation de chacun, leur en fait un devoir plus pressant. Mais ils ne se trompent pas moins ceux qui, à l'inverse, croient pouvoir se livrer entièrement à des activités terrestres en agissant comme si elles étaient tout à fait étrangères à leur vie religieuse – celle-ci se limitant alors pour eux à l'exercice du culte et à quelques obligations morales déterminées.
 Ce divorce entre la foi dont ils se réclament et le comportement quotidien d'un grand nombre est à compter parmi les plus gaves erreurs de notre temps. (…)
 Que l'on ne crée donc pas d'opposition artificielle entre les activités professionnelles et sociales d'une part, la vie religieuse d'autre part. En manquant à ses obligations terrestres, le chrétien manque à ses obligations envers le prochain, bien plus, envers Dieu Lui-même, et il met en danger son salut éternel. A l'exemple du Christ qui mena la vie d'un artisan, que les chrétiens se réjouissent plutôt de pouvoir mener toutes leurs activités terrestres en unissant dans une synthèse vitale tous les efforts humains, familiaux, professionnels, scientifiques, techniques, avec les valeurs religieuses, sous la souveraine ordonnance desquelles tout se trouve coordonné à la gloire de Dieu. » (Gaudium et Spes N° 43.1)

· « Mener à bien une entreprise vaut mieux que la commencer : c’est la persévérance qui compte et non la prétention. » (L’Ecclésiaste 5, 8)
· « Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », Oui, mais rendre à César ce qui lui revient avec l’esprit de Dieu.


      II.            EXEMPLES PRATIQUES

· Tel employé de bureau diabétique qui doit s’auto-administrer de l’insuline par piqûre plusieurs fois par jour à heures fixes, y compris, par exemple à midi. Son supérieur l’appelle en réunion à midi précises : son devoir d’état est de s’administrer sa piqûre. Ou bien, c’est le carême, il veut s’engager dans ce bel effort de conversion et justement, il y a une messe à midi tout à côté : même « punition ».
Son devoir d’état c’est la piqûre.

· Cette personne qui arpente tout Paris pour explorer tous les groupes de prières possibles imaginables, s’inscrit à tous les pèlerinages de France et de Navarre, se rend sur tous les lieux d’apparitions mariales reconnus ou non et s’astreint à une heure de prière personnelle par jour sans compter la messe, le chapelet et l’adoration eucharistique. Elle entraîne mari et enfants dans sa course, avec un succès mitigé. L’une de ses amies lui propose un Rosaire entier à 20h tel jour à telle intention cruciale pour le pays, pour la vie, que sais-je ?
Son devoir d’état est de passer une soirée tranquille avec sa famille.

· Tel couple reçoit le prêtre qui les a mariés. La soirée se prolonge et le prêtre prend congé à minuit en souhaitant un bon repos à ses hôtes. Le mari lui répond que cela ne va pas être pour tout de suite car il a encore son chapelet du jour à prier.
Réaction du prêtre : « C’est hors de question, ton devoir d’état c’est d’aller dormir en compagnie de ta femme, de te reposer et d’être en forme et de bonne humeur pour tout ce que tu auras à faire demain toute la journée. »

· Telle personne anime une messe. Tandis qu’elle chante le chant de communion, elle voit le prêtre repartir, pour cause il a oublié qu’elle n’a pas communié. Elle va passer le restant de la messe et bougonner et nourrir une certaine rancœur vis-à-vis du prêtre distrait.
Elle rempli son devoir d’Etat, son service. Pourquoi le gâcher ?

· Telle personne est responsable d’un groupe de jeunes catholiques. Il a pour instructions de les éduquer au catéchisme, pourtant sa foi personnelle est en perdition.
Son devoir est de malgré tout leur apprendre, et sans instiller ses propres questionnements.

· Telle personne est engagée dans un groupe de réflexion, mais les réunions tombent très souvent en même temps que « les dîners entre copains », et en plus elle ne trouve pas le sujet de ces réunions très intéressant.
Son devoir est de s’y rendre, car elle s’y est engagée et a estimée qu’elles pourraient lui apporter un fondement nécessaire à son esprit critique. De plus elle pourra peut-être au moins apporter sa réflexion personnelle qui nourrira celle du groupe.


    III.            REFLEXION

· Les circonstances de vie particulières spécifiques à chaque personne,  la notion d’équilibre de vie, arbitrage entre différents engagements de toute nature, la gestion des priorités dans tous les domaines de la vie, cela met l’accent sur la difficulté, la subtilité et la parfaite subjectivité de la notion du devoir d’état. Quels sont mes devoirs d’Etat ?

· Ai-je bien conscience que ces engagements volontaires ou induits vont devenir une priorité coûte que coûte ?

· Comment y faire face ?

· Comment Dieu est il présent au milieu de tous ces devoirs-services ? Que fais-je pour lui laisser une place centrale ?

· Le devoir d’état n’est-il pas devenu une expression idiomatique ayant perdu son contenu initial pour devenir une « raison d’état », servant à justifier vis à vis de l’extérieur, ce qu’au fond, l’on a envie de faire au moment précis où l’on en a envie ?


Aucun commentaire: